LONDONDERRY

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Située au pied de la colline de Holywell, sur les deux rives de l’embouchure de la Foyle, Derry a connu un destin agité, à l’image de l’Irlande du Nord, dont elle est la deuxième ville (102 000 hab. en 1995) après Belfast. En 546, saint Columba lui donne son nom: Dairé Columkille (la Chênaie de Columba). C’est un centre monastique florissant malgré les incursions vikings. Derry devient très tôt l’enjeu de la lutte féroce que se livrent les Irlandais et les Anglais au XVIIe siècle. Après la défaite et la «fuite des comtes», elle est confisquée aux Irlandais et donnée, en 1613, à la Cité de Londres qui la rebaptise Londonderry, l’enclôt de murs et la peuple de colons. Lors des guerres qui opposent les Stuarts au Parlement, elle prend fait et cause pour ce dernier, repoussant une première attaque en 1649, et résistant héroïquement à un terrible siège de cent cinq jours qui prend fin le 28 juillet 1689. Ce passé ressuscite quand on visite Derry: les vieux murs sont là, qui tinrent contre les batteries de Jacques II, et la colonne de Walker, ce pasteur protestant qui fut l’âme de la résistance, et jusqu’à une grosse pièce du siège, encore sur son affût, Roaring Meg.

Ville sainte de l’orangisme ulstérien, d’autant plus âprement disputée qu’elle est peuplée d’une majorité de catholiques nationalistes, Derry a été brutalement coupée, par la partition de 1920, de son aire d’expansion géographique et économique naturelle, le Donegal, rattaché à la république d’Irlande, et systématiquement rabaissée par les gouvernements unionistes qui se sont succédé au Stormont, que ce soit dans le domaine des communications, de l’aménagement du territoire ou de l’implantation universitaire. Elle est apparue comme le symbole de la discrimination en vigueur dans la province: la manipulation des circonscriptions électorales a permis aux unionistes protestants de conserver le contrôle de la cité contre la volonté d’une population en majorité catholique et nationaliste; l’insuffisance des logements sociaux et leur attribution en fonction de critères confessionnels ont contribué à conforter cette situation anormale dans le cadre d’un suffrage censitaire; le chômage a entraîné une forte émigration vers l’est d’abord, vers la Grande-Bretagne ensuite, qui a eu pour effet d’absorber la croissance démographique défavorable aux protestants unionistes. Tout cela aux dépens d’une économie d’autant plus fragile qu’elle est victime de sa situation périphérique et du déclin, observable dans toute l’Irlande du Nord, des secteurs traditionnels, industrie textile et trafic portuaire notamment. Il n’est donc pas surprenant que ce soit à Derry, à l’occasion d’une manifestation non violente en faveur des droits civiques, le 5 octobre 1968, qu’ait jailli l’étincelle qui devait faire sauter la poudrière ulstérienne. Derry a vécu avec une intensité toute particulière les événements dramatiques qui ont bouleversé la physionomie de la province. C’est dans le quartier catholique du Bogside qu’ont éclaté en août 1969 les émeutes qui ont obligé le gouvernement de Londres à s’occuper d’un peu plus près de ce qu’on a appelé «les ghettos blancs de John Bull». Deux monuments du Bogside en disent plus long que de grands discours: celui à la mémoire de treize civils du «dimanche sanglant» abattus le 30 janvier 1972 par les parachutistes britanniques et un triste pan de mur blanc soigneusement entretenu sur lequel se détache en noir l’inscription «Vous entrez maintenant dans le Derry libre», vestige de cette «république» catholique qui dura quelques semaines après les émeutes d’août 1969. Au fil des années cependant, un timide mouvement s’est dessiné en faveur du développement de la deuxième ville d’Ulster. Une loi sur le gouvernement local, votée en 1971 et appliquée depuis 1973, a aboli les inégalités politiques les plus choquantes: en 1995, Derry a un maire appartenant au parti catholique Social Democratic Labour Party (S.D.L.P.). Le développement de la ville est régi par un plan (1996-2111) regroupant toutes les opérations en cours – désenclavement de la ville et de son hinterland, politique d’industrialisation. Le gouvernement central aide la ville dans les domaines importants (environnement, éducation, agriculture...). Londonderry connaît un taux de chômage élevé lié au déclin du port. L’industrie de l’habillement, l’informatique, le commerce de détail et le tourisme sont les secteurs économiques les plus dynamiques.

Des négociations secrètes menées en 1993 par Londres et les républicains, d’une part, et au sein des milieux catholiques, d’autre part, font évoluer la situation irlandaise. En décembre 1993, les Premiers ministres britannique et irlandais signent la déclaration dite de Downing Street. Le cessez-le-feu complet annoncé par l’I.R.A. (Irish Republican Army) en août 1994 puis celui des milices loyalistes protestantes en octobre accélère le processus de paix. Le 24 octobre 1994, les troupes britanniques se retirent symboliquement des rues de Londonderry, la ville où débuta le conflit.

Londonderry
(en gaélique Dhoire) v. et port d'Irlande du Nord; ch.-l. du district du m. nom, au fond de l'estuaire du Foyle; 88 000 hab. Constr. navales; industr. (chômage très élevé).
De 1967 à 1994, la ville fut le siège de conflits entre catholiques et protestants.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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